Le billet Il n’y a plus de saison !

Ce fut un été bien pourri. Presque partout en France. Les Français n’ont pas été seulement refroidis par les pass à l’entrée des restaurants, ils ont aussi été glacés par la météo. En Normandie, j’ai remis le chauffage. Ou encore 12 °C, début août à Fort-Mahon, dans la Somme, par exemple. Et quand il y avait du soleil, l’air avait 90 % d’humidité. Le temps était facile à prévoir : quand il faisait beau, c’est qu’il allait pleuvoir. Sale temps pour les vacanciers et pour les agriculteurs surtout. Pertes de rendement et de qualité, des blés qui ne poussent pas, des racines qui pourrissent, sans compter les champignons, les pulvérisateurs qui s’embourbent… Ah, « il n’y a plus de saison, ma bonne dame ».

Si c’était que le temps ! Mais cette indifférenciation est partout. Il fut un temps où les fruits avaient leur calendrier. Fraises, cerises, framboises, pêches, abricots, prunes, figues, pommes, poires, raisins… Mais maintenant ? Tout s’entremêle. On trouve des fraises espagnoles en mars et des belges en octobre. On commence les vendanges en août. Il y a des pommes toute l’année, conservées au froid et dans une ambiance azotée. Sans parler des tomates belles et bonnes comme du plas­tique.­ Les serres, les pousses hors sol, les chambres froides, les gaz, les traitements ont complètement bouleversé la chronologie naturelle.

Même les manifs n’ont plus de tempo. Il fut un temps où les Français partaient en congés pendant l’été. Il y avait les juilletistes et les aoûtiens. Mais entre le 14 juillet et le 15 août, la France était en vacances et Paris désert. La pause estivale, c’était un peu comme la trêve des confiseurs entre Noël et le jour de l’An. Un entracte dans les querelles politiques afin de laisser les Français profiter des fêtes de fin d’année.

Mais c’est fini. Les manifs contre le pass et la « dictature sanitaire » (?!) ont eu lieu les samedis de juillet et d’août comme en juin ou septembre. Les contestations ne connaissent pas la pause. Il n’y a plus de saison pour les ruades sociales.